Cette année-là, le printemps vint comme une fête. Il commença au ras du sol par une petite brise tiède qui se mit à flairer les buissons et à courir en boule à travers la garrigue.
Charles Bertin, Le voyage d’hiver
De mon petit jardin ou d'ailleurs
voyages immobiles, entre Meuse et terrils
Premiers mâles d’osmies cornues au jardin !
Maintenant, tout est prêt. Cependant, la mauvaise saison est loin d’être vaincue:
« Pourquoi le printemps n’arrive-t-il pas? » dit le merle, qui chantait depuis plusieurs semaines dans l’espoir d’attirer l’attention des brises du sud.
Le hêtre, toutes ses feuilles roulées dans leurs gaines, droit, immobile, ne répond même pas.
« Pourquoi le printemps n’arrive-t-il pas? » crie la grive.
Elle aussi, depuis bien des jours, tâchait de se convaincre, et de convaincre autrui de l’arrivée de la belle saison.
Pas l’ombre d’un printemps! La pluie chassait du nord-ouest; les gros nuages, gris sur gris, se poursuivaient, si épais, qu’à leur couleur on ne pouvait même pas distinguer l’est de l’ouest! Pensez aux épaisseurs qu’il faut pour empêcher de fleurir les roses de l’aurore!
Marie Gevers, L’herbier légendaire (l’Euphorbe)